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Christine michaud, celle qui fait du bien…

À l’époque où nous étions tous les deux chroniqueurs à l’émission Salut Bonjour Week-end, Christine Michaud répétait souvent, lors de sa chronique littéraire, qu’elle allait nous présenter des livres « qui font du bien ». Des livres qui faisaient du bien au cœur et à l’âme. Ce qu’elle fait désormais avec ses propres livres, ses romans, ses conférences et autres projets qui ne cessent de se multiplier. Portrait d’une femme lumineuse et attachante.

Texte et photos : Daniel Daignault

Oui, Christine Michaud est aussi gentille et charmante qu’elle peut le paraître, et oui, passer un moment en sa compagnie, le temps d’une entrevue, constitue un moment privilégié… qui fait du bien! Surtout quand la rencontre a lieu dans sa superbe maison de l’île d’Orléans qui respire la zénitude. Passionnée et allumée, Christine a accepté de se raconter avec beaucoup de générosité dans le cadre du projet Regards de femmes.

« Le fond de mon histoire, la base, c’est mon amour des livres et de la lecture. J’étais petite et c’était déjà ça, j’ai dévoré plein de livres. Et avec le temps est venu l’ajout du développement personnel, tout ce qui est un peu plus psychologique », confie-t-elle.

Tu étais donc une petite fille avide de connaissances?

 Oui, j’ai toujours été extrêmement curieuse et imaginative. J’ai toujours eu l’imagination fertile et même quand j’étais petite, j’ai toujours eu une intuition assez forte. C’est un peu fou ce que je te raconte, mais petite, je voyais beaucoup de monde. J’ai dû faire quelque chose pour ça, parce que ça m’empêchait de dormir, même si ça ne faisait pas peur. Je ne sais pas si j’étais extrêmement sensible, je ne peux pas me l’expliquer, mais à un moment donné je trouvais ça nuisible et j’ai consulté quelqu’un qui m’a dit de demander simplement à « ces gens » de me laisser tranquille. Tout ça pour dire que je pouvais aller dans le bois et voir un arbre et un oiseau, et je m’inventais une histoire à partir de ça. C’était tout mon imaginaire que je nourrissais, j’ai toujours eu beaucoup de toutous et de poupées, ma grand-mère me fabriquait des poupées en chiffons. J’en ai encore une aujourd’hui qui s’appelle Chiffonie, et j’ai d’ailleurs créé un personnage de roman avec cette poupée. Quand j’étais petite, je mettais mes poupées en demi-cercle et je leur parlais, je pense que je leur faisais des conférences! Je serais bien curieuse de me souvenir de ce que je leur racontais…

La grand-mère de Christine, Mamie Yvette.

Tu as étudié en littérature?

Non, en droit, pour faire plaisir à mes parents. J’ai haï ça, tu n’as pas idée! Mon passage au bac en droit a été très difficile parce que je n’aimais pas assez ça, mais en même temps, c’était nécessaire parce que j’étais timide. Ça m’a apporté beaucoup de confiance. Même si on pense qu’on s’est trompé de chemin, je crois qu’on ne fait rien pour rien. Aujourd’hui, je me dis que je n’aurais sans doute pas été capable d’être à la télévision si je n’avais pas fait un bac en droit parce que j’étais vraiment trop timide.

Pourquoi manquais-tu autant de confiance en toi?

C’est une longue histoire que j’ai travaillée en thérapie! J’ai eu des problématiques, j’ai fait une dépression à l’âge de 28 ans parce que je ne faisais pas du tout ce que j’aimais. Et il y a eu toutes sortes de questionnements qui ont fait qu’en plus de la thérapie, je me suis intéressée à la psychologie, j’ai refait des études dans ce domaine à l’âge de 45 ans. Donc, est-ce que j’aurais fait ça si je n’avais pas eu ce manque de confiance en moi? Est-ce que je pourrais faire le métier que je fais aujourd’hui? Probablement pas. Parfois, je vis des choses difficiles et je me demande toujours : « Pourquoi ça m’arrive? Qu’est-ce que j’ai à comprendre, comme est-ce que je peux grandir à travers ça, quelle est la leçon que la vie est en train de m’enseigner? Et c’est sûr que, comme tout le monde, j’ai parfois de la difficulté à comprendre.

Christine, photographiée à son bureau de travail, à sa maison de l’île d’Orélans.

Donc, tu n’as pas fait ton Barreau?

Non, ça ne me passionnait pas assez.  Tu sais, j’étais bonne à l’école, et mes parents voulaient que je fasse un métier qui allait bien me faire vivre. Et les arts, les livres, même si ça me passionnait, on m’avait dit de garder ça comme passe-temps. Je pense que ça a été le cas pour bien des gens, c’était vu comme un beau hobby.

Il y a eu un moment marquant dans ta vie, celui où tu es devenue Duchesse du Carnaval de Québec!

Oui, j’étais âgée de 24 ans. Et c’est grâce à mon amoureux de l’époque parce que moi, jamais je ne me serais présentée. C’est lui qui a insisté à l’époque et j’ai été contente de vivre cette expérience. Il y a tellement de choses qu’on ne sait pas au sujet de cette époque-là des Duchesses du Carnaval, entre autres tout le bénévolat que l’on faisait. On passait nos journées à aller dans des résidences de personnes âgées, on allait rencontrer des enfants ou des personnes malades, on donnait de notre temps et à cet âge-là, cette expérience nous gardait sur le plancher des vaches à un âge où l’égo aurait pu prendre de la place. On redonnait beaucoup et ça a beaucoup développé mon humilité et ma perception qu’il y avait des gens qui avaient beaucoup de besoins et d’être écoutés. Ça m’a permis d’avoir de la gratitude pour ce que j’avais et je pense que mon talent de communicatrice a émergé à ce moment-là, parce que je n’en avais pas vraiment pris conscience auparavant. J’ai eu l’occasion au Carnaval de prendre la parole devant le public, d’animer des trucs, et même si ça me stressait, j’ai réalisé que j’aimais ça. Je pense que c’est ce qui m’a ouvert les portes des médias par la suite.

Christine, Duchesse du Carnaval de Québec!

En somme, tu as suivi ton instinct pour, par exemple, te présenter comme Duchesse, même s’il fallait parfois que des amis te poussent un peu dans le dos?

Oui, et j’avoue que j’ai été chanceuse parce que j’ai eu dans ma vie des amoureux ou des amis, des gens proches de moi, qui m’ont vraiment poussée à faire des choses. J’ai un ami qui est décédé aujourd’hui, il était incroyable, il croyait en moi bien plus que je croyais en moi-même. Il n’arrêtait jamais de m’encourager. Quand j’y pense, c’est fou à quel point j’ai eu des anges terrestres autour de moi.

Et après le Carnaval?

J’ai travaillé au journal Le Soleil par la suite, j’ai eu justement cet emploi grâce au Carnaval, et je suis devenue représentante publicitaire. J’ai aimé ça durant un temps, puis c’est devenu lourd, avec la pression, entre autres, qu’on peut avoir dans le domaine de la vente. Et en réalité, ce n’était pas ma voie. Mais encore là, c’était comme un autre morceau de vie qui m’a permis d’avoir confiance et d’oser parfois de sortir de ma zone de confort, mais c’est allé un peu trop loin parce que ça s’est terminé en dépression. Je ne me suis pas écoutée, ça faisait au moins un an que je savais que ça n’allait pas. J’étais représentante sur la route et je manquais tellement d’énergie que j’allais dormir chez moi à l’heure du lunch, pour être capable de continuer de travailler l’après-midi.

Tu étais vraiment épuisée et à bout?

J’avais juste envie de pleurer, j’avais des problèmes de concentration, et j’ai tellement trop attendu qu’un matin, en m’en allant au bureau en voiture, j’étais au feu de circulation tout juste avant de tourner pour aller me stationner et quand le feu est passé au vert, j’ai figé. Mon corps physique a figé complètement et c’est un monsieur, un chauffeur de taxi qui était à l’arrière, qui est sorti et est venu m’aider parce qu’il a vu qu’il se passait quelque chose. De là, je suis partie à l’hôpital où j’ai su que j’étais en dépression. Ça a été terrible. Puisque je ne m’étais pas écoutée et que j’avais trop attendu, ça m’a pris deux ans à m’en remettre. Ça a quand même été long.

Tu as craint de ne pas arriver à t’en sortir?

Je n’ai pas eu d’idées suicidaires, mais j’ai pensé que j’allais devenir folle! J’étais perdue et je ne voyais pas de lumière. J’étais dans un découragement profond, inexplicable, et habitée par le questionnement, à savoir ce que j’allais faire de ma vie.

Les choses ont fini par se placer?

J’étais alors avec mon chum, qui allait devenir mon ex-mari, et il avait eu une offre d’emploi à Montréal. De Québec, nous nous sommes retrouvés à Boucherville. Tranquillement, j’ai recommencé à faire des choses, j’ai commencé à écrire pour le magazine Les Ailes de la Mode, puis j’ai eu un court emploi de recherchiste grâce à une amie avec qui j’avais étudié au secondaire. Il s’agissait d’une émission qui avait pour titre Louise à votre service, animée par Louise Deschâtelets au Canal Vox. Je commençais à aller mieux et ça me permettait de découvrir un autre domaine. Je me souviens, lors de la toute première réunion de production avec Louise Deschâtelets, nous nous sommes présentées et elle m’a demandé ce que j’aimais dans la vie et je lui ai répondu : « Lire ! » De fil en aiguille, il y avait une autre recherchiste sur l’émission, Lucie, qui a travaillé par la bande pour que je me retrouve avec une chronique littéraire à cette émission-là. Quand j’ai appris la nouvelle, je pense que j’ai sauté sur place, je n’en revenais pas que ça m’arrive. J’ai senti que c’était comme le début de ce que je voulais faire.

Christine, sur le petit terrain où est située La cabane des mots qui font fleurir, entourée de Bouddha et Saint-François d’Assise.

Et puis tu as obtenu une chronique de livres à Salut Bonjour Week-end?

En fait, on m’a offert par la suite d’animer une émission littéraire à Vox durant un été. Imagine, la chronique de livres, puis l’émission, je tripais vraiment. J’admirais et j’admire encore tellement Louise Deschâtelets, pas juste pour qui elle et est et ce qu’elle a fait, mais parce qu’elle m’a donné un boost de confiance incroyable. C’est comme si je voyais dans son regard qu’elle croyait en moi. Elle m’a tout appris, comment faire une chronique, comment me préparer. Et je sais que si je n’avais pas été bonne et si je n’avais pas réussi à faire ce qu’elle me demandait, elle ne m’aurait pas gardé dans son équipe pour être fine. Je le savais très bien. Elle m’a appris à avoir de la rigueur. C’est par la suite qu’on m’a appelée pour aller passer un screen test pour faire la chronique littéraire à Salut Bonjour Week-end. Et ça a marché, durant onze ans!

C’est après avoir perdu son emploi à la populaire émission que Christine Michaud a en quelque sorte entrepris un virage dans sa carrière. De la femme qui nous proposait des livres en ondes, elle est éventuellement devenue elle-même auteure et romancière.

« Ça a été difficile, j’ai eu un deuil à faire, dit-elle. En l’espace de quelques jours, j’ai perdu mon emploi à Salut Bonjour Week-end, j’ai aussi perdu ma chronique de livres que je faisans dans Les midis de Véro à Rythme FM ainsi que ma collaboration avec le magazine Le Lundi. Je me suis questionnée, j’ai pensé que peut-être il ne fallait plus que je sois dans les livres, que je ne fasse plus de chroniques. Je me demandais vraiment ce qui m’arrivait. D’autant plus que je m’étais séparée peu de temps avant, et j’avais vendu ma maison avec tout ce qu’elle contenait. Meubles, bibelots, tableaux sur les murs. Écoute : je n’avais plus de maison, plus de meubles, plus d’emploi, je me disais que le message était fort! Je me souviens, je priais, je disais : « Éclairez mon chemin, parce que moi, je ne sais plus ce que je dois faire! »

« J’ai raconté tout ça à un ami, et il n’en revenait pas. Il m’a dit que j’avais besoin de décrocher et nous sommes partis pour aller au Restaurant/Auberge du Mange Grenouille, près de Rimouski, le temps d’un week-end. Il y avait plein de grenouilles, des bibelots, et curieuse, j’ai cherché quelle était la symbolique de la grenouille. C’était exactement ce que je vivais : non seulement c’était une mort et une renaissance, et même une résurrection, mais on disait qu’il y avait aussi beaucoup de chance d’impliquée là-dedans. Il fallait que je me laisse aller, que je ne m’accroche pas à ce qui était, et que j’ouvre complètement vers ce qui s’en venait. C’est ce que j’ai fait. »

Le temps faisant bien les choses, Christine s’est ensuite vu confier l’animation d’une émission à TVA, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, et elle s’est mise à l’écriture. « J’ai déjà dit que si un jour j’écris ma biographie, je pense que le titre sera Ma vie est une synchronicité. Parce que c’est incroyable tous les signes que je reçois, et j’en demande aussi. Je suis aussi très présente pour les voir, je travaille beaucoup là-dessus, sur mon attention à percevoir ces signes et j’aime ça. Mais c’est incroyable comment la vie, à des moments importants, m’a toujours parlée. Je suis certaine qu’il y a quelque chose de plus grand que nous qui nous accompagne. On a des guides des anges. J’ai ma grand-mère qui est morte le 31 décembre 2012, elle était l’amour de ma vie, elle m’a tellement donné. J’ai comme l’impression qu’elle est encore tout le temps là. Je ne sais pas où elle se trouve, mais on continue d’œuvrer ensemble et parfois, je me demande si c’est elle qui m’envoie des signes. Mais ce n’est pas important, le fait est que ces signes-là me font du bien. Si ça me fait du bien de croire à ça, c’est parfait. »

En 2010, Christine a présenté le livre C’est beau la vie, le premier d’une longue série d’ouvrages qui l’a amenée, en 2018, à présenter son tout premier roman, Une irrésistible envie de fleurir, qui a été suivi, en septembre 2019, de sa seconde création littéraire : Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginée.

Christine sur scène, aux côtés de l’auteur, dramaturge et comédien Éric-Emmanuel Schmitt.

« Quand j’ai écrit mon premier roman, c’était mon dixième livre, mais c’était en réalité le tout premier que j’avais voulu écrire. Je l’ai commencé environ en 2008, mais je le mettais toujours de côté parce que je ne me faisais pas assez confiance. Et aussi, j’ai compris qu’il fallait que je sois complètement libre pour le terminer, que toutes les portes soient ouvertes et que j’aie le temps de le faire. »

Un roman qui lui a permis d’atteindre son objectif premier. « Je souhaitais pour Juliette, mon personnage principal, qu’à la fin de l’histoire, avec tout le cheminement qu’elle allait avoir fait, qu’elle devienne simplement plus vivante, plus présente à sa vie. Qu’elle en profite davantage et qu’elle soit plus épanouie. Ce qui ne la met pas à l’abri des difficultés. Il faut se rappeler que la vie a ses hauts et ses bas, et on peut toujours remplir son coffre à outils pour mieux réagir quand les difficultés nous arrivent. »

Et après l’avoir terminé?

J’ai commencé aussitôt à écrire la suite de mon roman, et pendant que je l’écrivais, j’ai eu une autre idée et j’ai senti qu’il fallait que je mette mon second roman de côté pour aller au bout de cette idée.

C’est drôle parce que pendant que j’écrivais, j’ai eu l’impression que ce n’était plus moi qui menais, que les personnages avaient pris leur place. Mon personnage principal, Corinne, qui a 38 ans, a un kick et tombe amoureuse, et je ne l’ai pas vu venir! Mon chum était tellement mort de rire! J’allais le voir pour lui dire : « Imagine-toi que Corinne est en train de tomber amoureuse, ce n’est même pas son genre, ce gars-là! » Il riait et me disait : « Christine, qui est-ce qui écrit ce roman-là?! ». Publiée en France, Christine a toujours une foule d’idées en tête et entre ses conférences et ses projets d’écriture, elle a eu l’idée de donner naissance à La cabane des mots qui font fleurir. Mais nous y reviendrons plus loin.

Christine, photographiée lors d’une conférence.

Quelle est l’importance de la spiritualité dans ta vie?

C’est ma grand-mère qui m’a tout appris de ce côté-là, qui m’a ouvert à ça. J’étais petite et elle m’apprenait à réciter mon chapelet, et je m’endormais en le récitant le soir, parce que c’était un peu long pour une petite fille. Ça a pris du temps avant que je le lui avoue, j’avais peur qu’elle soit déçue de moi, et quand je lui ai dit un jour, elle m’a dit : « Ne t’en fais pas, les anges le finissent pour toi. » C’est pas beau, ça? J’espérais après que les anges puissent finir mes devoirs et mes examens à l’école, mais non, ça ne marchait pas comme ça! Ma grand-mère était très de son temps, très ouverte, et même si elle était très pieuse, elle me transmettait qu’il était avant tout important de croire qu’il y avait quelque chose de plus grand que nous. On a eu des discussions extraordinaires elle et moi sur le sujet, et elle m’a toujours dit que Dieu m’aimait, au-delà de tout. C’est probablement ce qu’il faudrait travailler à nourrir le plus chez les êtres humains : le sentiment d’être aimé.  

Et c’est ce qui a guidé ta vie…

Je trouve que dans notre monde d’aujourd’hui – et je comprends qu’il y a eu des dérapes terribles, entre autres pour la religion catholique, et je trouve ça bien épouvantable –, il faut cultiver sa foi, croire en quelque chose de plus grand qui nous accompagne. Les synchronicités, pour moi, ça en fait partie. Toutes ces rencontres magiques, les beaux hasards de la vie, pour moi, tout ça, c’est du domaine spirituel et je rêve que les gens s’y intéressent davantage.

Dirais-tu que les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas?

Oui, sûrement. On a peur du jugement, d’être catalogué. Par contre, je trouve qu’en vieillissant, ça tombe pas mal et on s’assume plus. Si quelqu’un décide de ne pas m’aimer parce que je fais parfois des références  à ma spiritualité et à ma foi, c’est son affaire, ça lui appartient. Je partage ce en quoi je crois, et vous pouvez croire en ce que vous voulez. Moi je suis bien avec ça, ça me fait vivre, ça me fait du bien.

À Paris, à l’occasion du lancement de son premier roman.

Parle-moi un peu de cette superbe maison que tu habites!

Je suis tombée en amour trois fois, il y a quatre ans. Avec Éric, mon chum, qui habitait à l’Île, à Sainte-Pétronille. Puis, j’ai découvert le village de Sainte-Pétronille et ça a été mon deuxième coup de foudre, puis à un moment, j’ai vu que cette maison, où j’habite maintenant, était à vendre. Je suis venue la visiter et je suis tombée en amour une troisième fois. Comme je travaille beaucoup de chez moi, surtout pour mon écriture qui prend de plus en plus de place dans ma vie, je savais que j’avais besoin d’un endroit calme, ressourçant, un petit cocon de création. »

Lumineuse Christine! Photo: Daniel Daignault

Comme par magie, les choses se sont mises en place pour que Christine puisse acheter cette maison où des travaux ont été effectués durant quatre mois. Aujourd’hui, on parle d’un véritable havre de paix, avec vue sur le fleuve, une maison où l’auteure accueille ses proches et amis et où l’on se sent en paix. « Le fleuve, les arbres, les oiseaux, la lumière… il y a quelque chose à voir lors de chaque saison, et c’est fou comme je me sens apaisée quand je suis ici. »

Christine à Paris, lors du lancement de son premier roman, en compagnie de son amie et auteure Maud Ankaoua.

Comment est venue cette idée de créer cette Cabane des mots qui font fleurir?

C’était une cabane de jardin, pas très belle, remplie de débris. Au départ, j’avais eu l’idée d’en faire une petite chapelle, pour que les gens puissent s’y arrêter. Et en fait, l’idée d’en faire autre chose a germé avec mon roman Une irrésistible envie de fleurir. Dans mon roman, j’ai inventé une boutique de mots qui font fleurir, située à Sainte-Pétronille, et dans l’histoire, la vieille dame qui a lancé ce concept travaille à la boutique. Et le concept en question est qu’elle vend des livres, surtout qui font du bien, et elle demande aux gens du village de lui apporter les livres dont ils ne veulent plus. Et quand se présente un acheteur, elle prend le temps de lui parler et, intuitivement, lorsque la personne achète un livre, elle lui en donne un qui, à son avis, va lui convenir.

Ça, c’était dans le roman, mais cette idée créée par Christine a fait boule de neige, au point où de nombreuses personnes ont commencé à lui écrire pour savoir où était située cette boutique sur l’île d’Orléans!

La cabane des mots qui font fleurir, un endroit coquet et chaleureux, qui est devenue une attraction touristique à l’île d’Orléans!

Je ne l’ai pas vu venir : j’ai été inondée de messages, de courriels de gens qui voulaient aller à cette boutique. Je leur disais qu’elle n’existait pas et ils étaient déçus. De là est  venue par la suite l’idée de faire de cette cabane de jardin ce qu’elle est devenue. Un jour, après avoir lancé l’idée sur Facebook, une trentaine de personnes sont venues ici et ont entrepris d’insuffler une nouvelle vie à cette cabane,  la peinturer, aménager l’intérieur, le terrain. C’est extraordinaire, ça a été un truc communautaire auquel des gens généreux ont participé. Les gens peuvent donc y échanger des livres gratuitement des livres et il y a aussi une petite librairie « à l’honneur », c’est-à-dire que c’est leur honneur qui est en jeu –, ils doivent payer le montant qui est indiqué sur le livre qu’ils désirent et laisser l’argent dans la boite à cet effet. Les gens profitent aussi de leur visite pour lire et écrire des mots d’amour. En plus, ce n’est pas une chapelle, mais les gens viennent pour la plupart avec l’idée de s’y recueillir. Je vois les messages que les gens écrivent sur le groupe Facebook de la Cabane, et ils disent ce qu’ils ont ressenti, à quel point ils ont aimé leur visite. Il y a des gens qui sont revenus par la suite pour apporter des vivaces, d’autres qui ont fait une maison de fées sur le terrain, j’ai été complètement dépassée par cette histoire-là.

« J’aurais besoin de plus de temps, dans une journée, pour arriver à tout faire ce que je souhaite. », dit-elle. Elle travaille aussi pour les APM (Association pour le progrès du management). « Ils m’engagent dans la francophonie pour aller transmettre et enseigner la psychologie positive aux chefs d’entreprises pour qu’ils puissent par la suite mettre le tout en pratique avec leurs employés. J’adore faire ça, ça me fait complètement sortir de ma zone parce que je me retrouve souvent devant des salles composées à 80, 90 pour cent d’hommes, ce que je n’avais pas vécu avant. Je fais aussi beaucoup de conférences dans des entreprises sur la psychologie positive, parce que ce sont les études que j’ai faites, à 45 ans, qui m’ont redonné un petit coup de pep et de jeunesse.

Christine et Éric, devant leur maison en Floride.

Et quels sont les rêves que tu caresses aujourd’hui?

Maintenant qu’on a une maison en Floride – l’action de mon prochain roman va se passer là –, c’est sûr que j’aimerais percer aux États-Unis. J’ai commencé à faire des contacts de ce côté-là, à m’impliquer, à comprendre la culture américaine. Je travaille là-dessus et je trouve ça l’fun parce que j’apprends tout le temps.

Le plus récent roman de Christine, paru en septembre 2019.