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Gabrielle Threlfall, mannequin: «je n’avais pas confiance en mon corps, mais j’avais confiance en ma personnalité»

Gabrielle Threlfall a 26 ans et est mannequin. Un métier auquel elle n’avait jamais songé et qu’on lui a proposé à 17 ans parce qu’elle avait entre autres un joli visage et des courbes! Et parce qu’elle s’inscrivait bien, à l’époque où elle a débuté, dans cette tendance des compagnies de vêtements, de maillots et de lingerie à mettre en valeur dans leurs publicités des femmes qui s’éloignaient des standards habituels. Les mannequins « taille plus » sont apparus, insufflant du coup une dose de confiance à quantité de jeunes filles et de femmes qui ont appris à  s’aimer en voyant notamment Ashley Graham, la plus célèbre, et la Québécoise Justine Legault, s’afficher dans différentes tenues. Une valorisation de la diversité corporelle attendue depuis longtemps.

Texte: Daniel Daignault

Gabrielle a entrepris sa carrière à l’âge de 17 ans. Enjouée et très expressive, nous avons fait connaissance en réalisant une séance photo dans un hôtel de Montréal. Une pro, pas du tout intimidée et intimidante, rigolote, absolument sublime. Un premier contact franchement réussi, puis nous nous sommes revus pour l’entrevue et faire quelques autres photos. Cette jeune femme jouit d’une grande popularité dans son domaine et elle passe beaucoup de temps à l’extérieur du pays, appelée à se prêter à quantité de séances photo. Elle est représentée par plusieurs agences, dont Folio Montréal, et au moment d’écrire ces lignes, elle se trouve au Texas où elle fait des photos pour la marque Catherine’s de la compagnie Lane Bryant, une chaîne de magasins de vêtements américaine pour femmes, spécialisée dans les vêtements grande taille.

Gabrielle Threlfall: une femme et un look qui font sensation. Photo: Daniel Daignault

« C’est drôle parce qu’adolescente, je n’ai jamais pensé devenir mannequin. Je suivais les traces de ma mère (elle travaillait en créativité média chez Astral), je voulais travailler en pub, et j’ai comme tous les enfants, j’ai voulu aussi être vétérinaire. J’ai aussi envisagé devenir hôtesse de l’air parce que mon frère est pilote… et ça rejoint un peu mon métier parce que je suis toujours entre deux avions » raconte-t-elle.

Gabrielle, à l’époque où elle était bien loin de se douter qu’elle deviendrait un jour mannequin! Archives personnelles.

Celle qui fait 1,75 m (5 pieds 9 pouces) et qui habite sur la Rive-Sud de Montréal est souvent appelée à quitter le pays durant trois ou quatre jours par semaine. Souvent plus longtemps. « On n’a pas d’horaires précis dans mon travail, je peux être appelée à travailler autant la semaine que le week-end. Je peux avoir une séance photo un samedi ou un dimanche, revenir à Montréal et repartir peu de temps après vers une autre destination pour une séance photo. Je suis une pigiste, une travailleuse autonome. »

Photo: Daniel Daignault

Comment en es-tu venue à devenir mannequin?

Je travaillais en événementiel, j’avais 17 ans. J’étais hôtesse et un jour, je participais à un événement pour le magazine Clin d’œil. Il s’agissait d’un concours pour devenir mannequin professionnel, les filles se présentaient dans un local, s’inscrivaient, se faisaient photographier et rencontraient des gens d’une agence. Durant la journée, une fille de l’agence de mannequins Next Montréal est venue me voir pour savoir qui j’étais, puis elle m’a demandé quel était mon tour de taille! J’étais surprise, je la trouvais effrontée de me demander cela, j’étais tellement intimidée! Quand tu ne connais pas l’industrie, surtout à l’âge que j’avais, tu as plein de préjugés, tu penses que l’industrie du mannequinat est un milieu snob. Je pensais qu’elle me demandait cela pour me juger… Tsé, toutes mes amies étaient plus petites que moi… J’étais plus petite qu’en ce moment, je porte aujourd’hui du 14, mais à l’époque, c’était du 10 ou du 11. Finalement, elle m’a dit que le directeur de l’agence me trouvait vraiment belle, et elle m’a tout bonnement demandé si j’étais intéressée à faire des photos de mannequinat taille plus. Quand elle a utilisé ce mot-là, j’ai tout de suite pensé : « OK, elle vient de me traiter de taille plus?! » Elle m’a raconté que ça décollait vraiment pour le mannequinat taille plus, qu’il y avait une forte demande, et que si j’étais intéressée, je n’avais qu’à les contacter. Elle ne m’a même pas donné la carte de l’agence!

Photos faites pour Addition Elle. Photos du compte Instagram de Gabrielle.

C’est ce que tu as fait?

Écoute, c’était fait pour arriver que je devienne mannequin, car le soir même, j’étais chez une amie et sa belle-sœur est mannequin. Je lui racontais ça, et Next était justement son agence. « Envoie-moi des photos de toi et je vais leur faire parvenir ». Alors c’est comme ça que ça a commencé, j’ai été à la bonne place au bon moment.

Gabrielle, photographiée dans une suite à l’HÔTEL10 Montréal. Photo: Daniel Daignault

Tu n’avais jamais pensé être mannequin?

Pas du tout. Oui, j’étais grande, mais personne ne me disait que je devrais être mannequin parce qu’il n’y avait pas de mannequinat taille plus à ce moment-là. Durant mes premières années, il y avait un courant, mais il n’y avait pas de grosse demande, je travaillais peut-être une fois par mois à cette époque. Quand j’ai commencé à travailler pour Addition Elle, ça n’avait rien à voir avec ce qui se fait aujourd’hui. Leurs mannequins étaient des filles qui travaillaient dans leurs bureaux, et on se servait de leurs photos pour leur site web. On sous-estimait encore la puissance du magasinage en ligne alors qu’aujourd’hui, pratiquement toutes les compagnies ont suivi la tendance.

Adolescente, comment vivais-tu avec cette différence?

Je n’avais pas autant confiance en moi qu’aujourd’hui. Toutes mes amies étaient plus petites, et j’étais complexée, mais je n’ai jamais été renfermée, dépressive ou déprimée au sujet de ma shape. Je ne suivais pas de diète, mais je faisais du sport.

Comment tes parents ont-ils réagi à l’idée qu’une agence de mannequins s’intéressait à toi?

Ma mère est venue avec moi chez Next pour signer le contrat, elle devait y être parce que j’étais mineure. C’était stressant autant pour elle que pour moi, quand tu ne connais pas ce milieu. Elle se demandait ce que cela impliquait, si on allait me demander de grossir ou de maigrir. Qu’est-ce qu’il allait arriver? On ne le savait pas. C’est sûr que lorsque tu regardes America’s Next Top Model, toutes les filles sont anorexiques, elles mangent trois grains de riz par repas, alors c’est sûr que ma mère n’avait pas envie que je tombe là-dedans. À l’agence, on m’a expliqué le courant « taille plus », que c’était un marché en soi et qu’il y avait des compagnies qui avaient des besoins en ce sens-là.

Après avoir longtemps rêvé de travailler à New York, Gabrielle y possède désormais un appartement. Photo: Daniel Daignault

Ça fait maintenant dix ans que tu as été recrutée, quel regard jettes-tu sur ta carrière?

J’ai encore de la misère avec ça, j’ai le syndrome de l’imposteur et j’ai de la difficulté à accepter les compliments. Ma job, c’est d’entrer dans un studio, de me faire photographier et de ressortir du studio! Bien sûr, je vois l’ampleur que ça peut prendre quand je fais des contrats importants, et lorsque je reçois des commentaires de fans qui apprécient mon travail. Quand j’ai commencé, mon beau-père disait que j’étais mannequin et j’étais gênée quand il disait ça parce que je ne sentais pas que je l’étais vraiment. Oui, je faisais des photos, et elles se retrouvaient sur des sites internet, mais je disais toujours : « Le jour où je vais être sur une affiche, tu pourras me dire que je suis mannequin ». Et c’est arrivé! Avec le temps il y en a eu d’autres, il y a déjà eu une photo de moi dans une vitrine, mais honnêtement, je te dirais que je suis très terre-à-terre, je ne suis pas du genre à m’enfler la tête avec ça, je suis un humain comme tout le monde.

Photo: Daniel Daignault

Tu es donc encore étonnée par ce que tu es amenée à vivre à titre de mannequin?

Oui, tout le temps! Je suis du genre à m’émerveiller, à prendre une pause, par exemple, pour penser et réaliser que je travaille à New York. Quand on m’a bookée en Allemagne pour aller faire des photos, je capotais! La confiance est venue avec le temps. Il y a beaucoup de monde qui a essayé de m’aider quand j’ai débuté parce que j’étais vraiment poche. Je regardais les autres filles poser, j’examinais comment elles faisaient, et avec le temps, j’ai appris à poser. Tu finis par comprendre comment faire, jouer avec les angles, savoir quels côtés t’avantagent. Et tu apprends des choses, par exemple qu’il faut toujours que tes ongles soient beaux, qu’ils soient bien manucurés, et tes pieds aussi. Je pense que le plus difficile dans ce travail est de ne pas comprendre au départ, lorsque tu signes un contrat, que tu deviens une business.

Photo: Daniel Daignault

Les premières séances en studio avec un photographe n’ont donc pas été faciles?

Oh non! Je ne sais plus combien de fois je me suis répété que je n’aimais pas ça! J’ai toujours eu la mentalité « fais-le bien ou ne le fais pas », j’aime les gens compétents. C’est vrai que ce n’était pas facile au début.

Gabrielle travaille avec les agences suivantes: Folio Montréal, Wilhelmina New York et Los Angeles, Okay Models (Allemagne) et Heffner Management (Seattle). Photo: Daniel Daignault

Tu as souvent été appelée à faire des photos en lingerie, tu avais des réticences?

Les premières fois, oui. Je te dirais que ça a été pire pour les autres, notamment mon père. En même temps, il y a un côté tellement enrichissant, pour une taille plus, de faire des shootings photo en lingerie; ça démontre aux femmes que ce n’est pas parce que tu as des courbes que tu ne peux pas aimer et montrer mon corps. Ça n’appartient pas qu’aux « petites ». Au niveau du travail, il y a plein de jobs et de clients à Montréal, des entreprises pour lesquelles j’aimerais faire des photos, mais je n’ose même pas leur écrire parce que j’ai un tarif de mannequin, ou bien parce que je ne représente pas le standard de « la femme dite normale ».

Photo: Daniel Daignault

Justement, comment vis-tu avec le terme « taille plus »?

J’ai fini d’écrire « taille plus ». J’ai enlevé cette définition de mon compte Instagram il y a deux ans, mais je ne suis pas encore capable de retirer ce qualificatif de mon vocabulaire parce que j’ai encore l’impression que les gens ne me croient pas quand je dis que je suis mannequin. C’est par souci de crédibilité que j’ajoute « taille plus », comme lorsque je passe aux douanes, je précise toujours que je suis mannequin taille plus. C’est en quelque sorte une déformation professionnelle, mais il va falloir que ça s’arrête à un moment donné.

Gabrielle Threlfall, photographiée dans une suite à l’HÔTEL10 à Montréal. Photo: Daniel Daignault

Quel a été le moment le plus excitant que tu as vécu comme mannequin?

C’est difficile! Mais tu vois, avant je n’avais pas confiance en moi, et maintenant, je suis confiante, il s’est clairement passé quelque chose. Alors je te dirais qu’au début, je me souviens que je travaillais à Ville Saint-Laurent, et que mon agent m’avait appelé pour me demander si je pouvais me présenter à un casting, pour une séance photo en maillot qui aurait lieu à Marrakech. Ce n’était pas très loin de l’endroit où j’étais, j’y suis allé, mais je n’y croyais vraiment pas. J’ai essayé les maillots, j’ai fait les photos et ça s’était bien passé, mais quand je suis sortie de là, je n’étais pas confiante du tout d’avoir le contrat. Quelques jours plus tard, mon agent m’a téléphoné : « Devine qui s’en va à Marrakech dans un mois?! » Je n’ai jamais pleuré comme ça, je n’en revenais pas. C’était vraiment plus que tout ce à quoi j’aurais pu m’attendre. Wow! C’était pour une compagnie d’ici et j’ai eu ce contrat pour quatre campagnes de publicité. Je suis allée au Maroc, en Grèce et deux fois au Mexique. Imagine, j’ai passé huit jours à Santorini! J’étais payée pour aller en Grèce pour faire des photos! C’est vraiment nice. Pour moi, en plus, pour le Maroc, c’était vraiment hot de partir avec une gang d’ici parce qu’habituellement, je pars toujours seule, je vais rejoindre des équipes dans les villes où l’on m’envoie.

Gabrielle Threlfall. Photo de son compte Instagram.

Qu’aimes-tu le plus dans ton travail?

Faire des séances photo en location, dans des endroits extérieurs, des séances stimulantes.

En maillot, en robe?

Je pense que les robes, c’est ce que je hais le plus pour faire des photos. Tu n’as pas de poche, on est en talons et j’ai tout le temps mal aux pieds… Je pense que ce que j’aime le plus est de faire de la lingerie, et des maillots aussi.

Gabrielle, photographiée cet été, à l’extérieur du Café Boutique Saint Laurent à Boucherville. Photo: Daniel Daignault

Il y a plus de 46 000 personnes qui sont abonnées à ton compte Instagram, comment gères-tu cette popularité, les « J’aime » sur tes photos?

C’est drôle parce que ce n’est pas vraiment tangible le nombre d’abonnés que je peux avoir. Je dirais que ça vient même avec un stress d’être obligée de mettre des photos en ligne pour leur faire plaisir. En même temps, c’est un challenge, et moi, j’aime ça, relever des défis.

Gabrielle à ses débuts. Photo de son compte Instagram.

Avant toi, chez les mannequins du Québec, il y a eu Justine Legault (elle fait carrière depuis plus de dix ans), a-t-elle été une inspiration pour toi?

Tellement! Dans la vie, je ne suis pas une groupie, je ne suis pas du genre à écrire à quelqu’un pour lui dire que j’aime ce qu’il fait, que je l’admire. Au cours des premières années de ma carrière, Justine était l’une des seules mannequins taille plus au Québec que je regardais aller. Elle a été la première à figurer en couverture du Elle Québec. Je me souviens que ma mère et moi nous regardions ses photos et nous étions en admiration, et aujourd’hui, je travaille à l’occasion avec elle. C’est fou! Elle est tellement simple et humaine, je l’aime tellement! Je lui disais cet été : « Peux-tu croire que lorsque j’ai commencé, je m’inspirais de tes photos! » J’étais impressionnée par son travail.

Gabrielle en compagnie de Justine Legault, une amie et une femme qu’elle aime et admire. Photo de son compte Instagram.

Dans ce métier comme ailleurs, tu ne deviens pas du jour au lendemain la meilleure et la plus populaire?

Non, le succès est dans le temps et la confiance. Tu ne peux pas commencer à travailler et décrocher tous les contrats en claquant des doigts. Peut-être, oui, si tu as un visage vraiment particulier. Je vois des filles qui ont des yeux qui sortent de l’ordinaire, ce qui est un peu la tendance du moment, mais en réalité, il faut travailler, apprendre à se faire un nom, et laisser le temps agir. J’ai longtemps rêvé de travailler à New York et je m’y suis rendue deux années consécutives pour rencontrer des agences. La première année, ça n’avait pas fonctionné parce que j’étais trop jeune, trop « junior ». Mais j’ai décidé d’y retourner l’année suivante et ça a fonctionné, des agences étaient intéressées.  Même si je l’ai voulu, j’avais du mal à y croire et aujourd’hui, « mon marché », mes contrats, sont principalement  à New York! Les clients y sont nombreux. Depuis quelques mois, j’y ai un appartement, et c’est utile parce que cet été, je me suis rendue à Colombus, ensuite à San Francisco, avant de revenir à New York, dans la nuit, et je travaillais le lendemain matin. Cet appartement-là me procure une liberté et ça coûte moins cher que d’habiter à l’hôtel.

« Je suis une fille anxieuse et insécure, et j’essaie de régler ça. M’éloigner de ce que je suis, de mon enfance, de mon éducation, de ce que mes parents ont fait avec moi, ça me créerait encore plus d’anxiété. C’est toute ma vie. Je suis comme je suis et si mes piliers ne sont pas là, je n’ai pas de raison d’exister en tant que mannequin. J’ai besoin de rester groundée afin de construire mon avenir. J’ai envie de faire une foule de choses, je veux m’entourer de personnes stimulantes qui vont m’amener ailleurs et me faire grandir. »   Photo: Daniel Daignault

Comment entrevois-tu les prochaines années?

Mon objectif est de pouvoir en venir un jour à choisir mes contrats. Si l’on m’offrait, par exemple, de faire des photos pour l’éditions de maillots du magazine Sports Illustrated, c’est sûr que j’accepterais, mais je ne crois pas que ça va arriver. Je dis ça, et je ne pensais pas non plus pouvoir aller travailler à New York un jour… J’ai comme l’impression que lorsque tu veux trop, ça n’arrive pas. J’ai toujours eu confiance que les choses se passent bien, je n’ai jamais trop voulu, et tout arrive et j’en suis émerveillée. Je suis bien ainsi, je veux continuer à penser de cette façon. J’ai déjà eu une offre pour aller faire des photos en Colombie, mais c’était le 25 décembre. Pour moi, ma famille est tellement importante, je n’avais pas envie d’y aller et d’être seule à Noël, alors j’ai refusé.


« Il y a un côté tellement enrichissant, pour une taille plus, de faire des shootings photo en lingerie; ça démontre aux femmes que ce n’est pas parce que tu as des courbes que tu ne peux pas aimer et montrer ton corps » . Photo: Daniel Daignault

Qu’est-ce que ton agent t’a dit?

Il m’a dit que s’ils avaient voulu faire des photos avec moi à cette occasion, ils allaient peut-être se reprendre une autre fois. Si ça avait été un très gros client, ça aurait peut-être été une autre histoire, mais je voulais vraiment être avec ma famille à Noël.

Photo: Daniel Daignault

Il y a des choses que tu n’acceptes pas de faire?

Les défilés ne m’intéressent pas du tout. Je suis la pire pour marcher en talons! Aussi, je ne déménagerais pas pour une longue période, disons un an, mais on ne sait pas… J’ai passé deux ans à Ottawa pour mes études et je revenais chez mes parents tous les week-ends.

Photo tirée du site de l’agence Folio, qui représente Gabrielle.

Tu réalises que par ton travail, tes photos, tu contribues à faire en sorte que des adolescentes, des femmes, aient plus confiance en elle?

Le pire est que je n’ai rien fait pour ça, j’ai seulement saisi les opportunités. J’ai gagné confiance avec le succès et  l’accomplissement, et je ne peux pas croire que je te dis ça, mais quand tu te fixes un objectif, il y a beaucoup plus de chances que tu l’atteignes que si tu ne t’en fixes pas. Le corps ne définit pas tout, je l’ai toujours dit quand j’étais jeune : je n’avais pas confiance en mon corps, mais j’avais confiance en ma personnalité. J’ai toujours répété ça, et le fait de ne pas être gênée a été un avantage pour moi. Les présentations orales à l’école ne me faisaient pas peur, et j’ai animé des spectacles et fait du théâtre aussi. Je peux dire que je déplaçais pas mal d’air! S’il y a une chose importante que j’ai apprise, c’est de ne pas mettre ma confiance dans les yeux de quelqu’un d’autre. On me demande souvent quels conseils je peux donner aux filles, et je leur dirais simplement d’arrêter de mettre le focus sur leur corps. Si tu n’aimes pas ton corps, s’il y a quelque chose qui t’énerve, tu peux toujours le changer.

Photo: Daniel Daignault

Les photos de ce reportage ont été réalisées à l’HOTEL10, Montréal.