Geneviève : Chéri, on va parler aujourd’hui des médias sociaux.

Antoine : Eh boy! Méchant contrat!

Geneviève : Ça a été tout un enjeu dans notre couple et ça continue de l’être en fait.

Antoine : Oui, parce que c’est un espace privé qui peut éveiller plusieurs insécurités chez l’autre partenaire et nous, ça nous a demandé des ajustements et beaucoup de discussions.

Geneviève : Effectivement, on ne sait pas qui sont les « amis » de l’autre. Il y a les gens de l’école primaire, les anciennes fréquentations et tous ceux qu’on ne connait pas vraiment, mais qu’on a pu rencontrer dans le cadre du travail ou dans une soirée.

Antoine : Tellement! Le gars impromptu qui « like » systématiquement tes photos… disons que lui, je ne l’aime pas trop!

Geneviève : C’est vrai et c’est la même chose pour moi. C’est moins pire maintenant et ça arrive moins souvent, mais il a fallu par moments que l’on s’explique qui était un tel ou une telle, et d’où on les connait.

Antoine : Ça nous a amenés à faire un certain ménage. Au début, tu trouvais que j’avais pas mal d’amis sur Facebook que je ne connaissais pas ou que j’avais vus juste une fois dans ma vie… Je considérais que tu avais raison, puis j’ai fait le ménage du printemps.

Geneviève : Oui… disons que tu avais surtout un souci de quantité plutôt qu’un souci de qualité.

Antoine : C’est vrai. En fait, j’étais surtout insouciant. Je ne sais pas trop ce que j’allais chercher avec ça… comme une fausse impression d’importance, je pense.

Geneviève : Autant que moi je savais qui étaient les amis que j’avais.

Antoine : C’est vrai, mais quand on a affiché que nous étions en couple, il y a un certain nombre de tes amis qui ont arrêté de te suivre, par exemple… Je pense qu’ils étaient déçus de mon apparition, disons-le comme ça…

Geneviève : C’est surement arrivé pour toi aussi. Par contre, je ne peux m’empêcher de montrer sur les réseaux sociaux ce qu’on fait ensemble, et j’aime ça. Entre autres, parce que ça conserve en mémoire nos expériences, et aussi parce que je peux retrouver les évènements facilement, comme un album photo.

Antoine : Oui, puis en même temps, c’est sécurisant de s’assumer comme couple et de se montrer. Moi, je vois ça un peu comme une gratitude et une fierté d’être avec la personne extraordinaire que tu es.

Geneviève : T’es fin! C’est vrai qu’il y a de la fierté, sans oublier que nous nous assumons. Mais nous avons aussi ajusté nos paramètres de sécurité. Nous avons réalisé que nous n’étions pas à l’aise que n’importe qui puisse voir les photos de nos enfants, nos photos personnelles. Alors nous avons restreint l’accès, et nous savons maintenant que ceux qui voient ce que l’on affiche sont de réelles connaissances.

Antoine : Il n’en reste pas moins que ça peut devenir insécurisant parce qu’on peut facilement cacher des communications, le compte Facebook peut être un genre de jardin secret et ça, ça demande au couple une certaine transparence et de l’honnêteté. Par exemple, si je te demande de voir qui sont tes amis sur ton compte et que tu refuses, ça peut créer des doutes.

Geneviève : Mais à un moment donné, mon amour, il ne faut pas non plus se mettre à faire la police avec l’autre à tout bout de champ. Il faut choisir de se faire confiance, sinon on peut devenir paranoïaque.

Antoine : Exactement. On ne le répétera jamais assez : il vient un moment où se faire confiance est un choix basé sur la communication. Ce qui fait qu’en fin de compte, Facebook peut facilement devenir simplement un espace où l’on ne se fait pas du bien, et en venir à vouloir contrôler l’autre pour vouloir se sécuriser.

Geneviève : On s’en parle souvent, mais ultimement, on se fait confiance et on s’aime.

Antoine : Autrement dit, faut pas virer fou, mais de s’en parler nous a permis de faire le tour de la question, et on est ouvert à des réajustements au besoin. Sinon, on a eu des enjeux avec les messages textes et Messenger. On dirait qu’on s’attend à ce que l’autre réponde rapidement, sans tarder. On n’est pas patient et ça nous a créé de la petite houle et des frustrations.

Geneviève : Ben oui, on est tellement dans l’air de l’instantané que ça m’est arrivé de vouloir que tu me répondes vite, et quand tu ne le faisais pas, je ne me suis pas sentie importante. Une chance qu’on n’est pas au moyen âge… Je n’aurais pas trouvé ça drôle d’attendre deux semaines pour savoir si je peux arrêter acheter du lait!

Antoine : Hahaha, très drôle! Mais tu soulèves un point, les médias sociaux et la technologie, ça isole. Ce qui fait qu’on oublie que de l’autre bord, la personne est ailleurs : auto, épicerie, toilette, réunion, restaurant, travail, etc. Il ne faut pas oublier ça. Il reste qu’à travers les âges, l’importance de la communication écrite a toujours été présente, et c’est bien loin d’être la même chose aujourd’hui.

Geneviève : Oui, maintenant on ne fait pas juste s’écrire : on s’envoie des photos et on a une vie sur nos pages fictives qui génère un monde de perceptions. Et nous, on embarque à fond là-dedans. Moi, j’aime ça regarder Facebook et Instagram.

Antoine : Je me lève le matin et la première chose que je fais, après t’avoir embrassée, c’est de regarder mon téléphone pour voir mon agenda, mes messages textes, mes souvenirs Facebook.

Geneviève : Je fais la même chose. Mais c’est vrai qu’il a fallu que je m’ajuste parce que c’était la première chose que je faisais avant même de te dire « Bonjour »!

Antoine : On fait attention tous les deux de ne pas avoir ce réflexe. Parce que sortir son cellulaire devant l’autre, c’est un peu plate et ça ne favorise pas trop le contact humain et la communication. Ça peut devenir frustrant.

Geneviève : Une chance qu’on fait attention. Ça fait aussi qu’on se choisit des moments pour regarder nos cellulaires, et d’autres périodes où l’on s’en sépare. Comme lorsqu’on se fait des escapades en amoureux ou quand on va marcher. On laisse maintenant nos téléphones dans l’auto. Ça nous fait un moment de couple en nature, sans interférence.

Antoine : J’aime tellement ça quand on fait ça. En fait, on reste soucieux de l’autre quand on prend notre téléphone. Et on le dit aussi quand ça nous dérange. Comme lorsque tu prépares le repas et que tu n’aimes pas que je sois rivé à mon écran plutôt que de te parler.

Geneviève : C’est vrai, ça nous demande d’être réceptifs et de ne pas le prendre mal quand l’un ou l’autre signale que le cellulaire est dérangeant.

Antoine : C’est une question de respect et de souci de l’autre, mais ça demande aussi une certaine discipline.

Geneviève : C’est vrai. Ça nous amène à prendre conscience de l’utilisation excessive que nous pouvons faire de nos téléphones. De la même manière que je gère le temps que mes enfants peuvent passer sur les tablettes et écrans, afin qu’ils s’ouvrent à ce qui se passe autour d’eux, parlent avec moi et s’amusent autrement. Je dois me discipliner pour favoriser la relation réelle et la communication entre nous.

Antoine : Exactement. Il ne faut pas non plus oublier qu’elles sont utiles, ces petites machines-là! Le partage de nos calendriers nous aide beaucoup dans notre organisation. Aussi bien que les messages textes pour que je n’oublie pas de t’acheter du lait.

Geneviève : Exactement mon amour, et j’ai justement besoin de lait, tu passes en chercher?

Antoine : Je fais le détour et je suis là dans dix minutes. Je t’aime, love.

Geneviève : Moi aussi minou.