Il n’y a pas à en douter : Michèle Jalbert, propriétaire de L’Institut Divas à Québec, est une femme déterminée et ambitieuse. Elle a appris son métier d’entrepreneure en décidant de plonger, après avoir occupé différents emplois, pour relever le défi d’être propriétaire de sa propre entreprise.
Texte et photos: Daniel Daignault
C’est une belle entreprise renommée que vous avez réussi à bâtir?
Dans le domaine de l’esthétique et de la coiffure, pour une unistation, un seul endroit (3000 pieds carrés), j’aime croire que nous figurons parmi les salons bien reconnus à Québec. On offre coiffure, esthétique et massothérapie. J’ai maintenant vingt-quatre employés, plusieurs sont avec nous depuis longtemps, avant même que j’achète l’entreprise.
La clientèle est composée en majeure partie de femmes, mais de plus en plus d’hommes ont adopté L’Institut Divas.
Propriétaire unique de l’entreprise depuis près de huit ans, Michèle Jalbert n’est pas peu fière du chemin parcouru et du succès que connait L’Institut Divas. « En matière de travail, je dirais que c’est du sept jours par semaine, même si je ne suis pas toujours physiquement à L’Institut. Je suis toujours au bout de mon cellulaire pour des demandes d’informations, de rendez-vous, la gestion des employés, des médias sociaux, le service à la clientèle. C’est du travail, mais j’aime ce que je fais. »
Est-ce que tout s’est déroulé comme prévu ou même au-delà de tes espérances, depuis que tu es à la tête de L’Institut Divas?
Oui et non. On a un très beau chiffre d’affaires (évidemment, l’année 2020 est particulière en raison de la pandémie), et au niveau des bénéfices, on est en bonne voie d’obtenir des résultats très intéressants. J’investis énormément en formations pour mes employés (des dizaines de milliers de dollars au cours des dernières années), dont un voyage à Toronto et à Las Vegas avec toute l’équipe de coiffure. Je trouvais ça important de le faire, et on est vraiment en progression constante. On a occupé le même local durant trois ans, sur Hochelaga, puis j’ai eu alors à faire un choix, soit de vendre, de fermer ou de déménager. Le déménagement était ambitieux comme projet pour un salon de coiffure, compte tenu des revenus que l’entreprise pouvait générer. Ça pouvait même sembler fou ou casse-gueule, mais j’avais une vision et j’avais confiance. J’avais cinq employées à l’époque, et je m’installais dans un local qui pouvait me permettre d’avoir éventuellement beaucoup plus de personnel pour offrir des soins. C’est mon chum qui a trouvé le local où nous sommes actuellement et cette décision a été la bonne, ça a été mon meilleur coup. J’ai plus que triplé mon chiffre d’affaires depuis le déménagement.
Des personnes ont tenté de te faire changer d’idée en ce qui concerne le déménagement?
Non, il n’y a personne qui a osé, dit-elle en riant. Je l’avais dans la tête, et j’ai pensé à cette phrase du film Field of dreams où l’un des personnages dit : « If you built it, they will come ». C’est ce que j’ai fait, il y a plus de cinq ans que nous sommes déménagés, et je suis rendue là où je le voulais. C’était la bonne décision, la meilleure que j’ai prise, mais je mentirais si je ne disais pas que ça a été difficile et que ça m’a occasionné bien des nuits blanches, des angoisses et des gymnastiques financières.
Quelle est la force de l’entreprise et de tes employés?
Je dirais le professionnalisme. Sérieusement, je dirais que côté coiffure, j’ai des filles qui sont passionnées et j’ai rarement vu ça, des filles qui se bookent elles-mêmes des formations pour maîtriser à fond leur métier. Ce sont même elles, avant les représentants des compagnies, qui me font part de nouveautés qu’elles ont vues sur les médias sociaux. Elles sont vraiment investies dans le travail. Et sur le plan esthétique, on a des femmes qui ont énormément d’expérience, des minutieuses qui aiment chouchouter la clientèle, leur faire vivre une belle expérience. J’ai vraiment une équipe de feu!
Tu es toi-même une diva?
Ben oui! Absolument et totalement assumée! Et Michèle éclate de rire!
Si on revenait en arrière, raconte-moi un peu ton parcours…
En fait, quand j’étais plus jeune, je rêvais d’être la future Barbara Walters, la future Oprah Winfrey. C’était mon rêve de jeunesse, sauf que j’ai eu une surprise à l’âge de dix-neuf ans : j’ai appris que j’étais enceinte de quatre mois et demi. On a pris la décision, son père et moi, d’aller de l’avant, et ma fille, Olivia-Rose, a maintenant vingt ans, elle étudie en médecine.
Donc, j’étudiais en communications et j’ai su, à la mi-session, que j’étais enceinte, et ça a chamboulé un peu le cours des choses. Le rêve a été mis de côté. J’ai accouché le 11 août et le 30, je commençais un nouveau bac. Je m’étais dit que si je ne retournais pas rapidement sur les bancs d’école, je n’y retournerais probablement jamais. J’ai étudié en sciences de la consommation et j’ai terminé mon bac en trois ans, tout en étant mère monoparentale. Nous nous sommes séparés, le père de ma fille et moi alors qu’elle avait huit mois. Je suis fière parce que ce n’était pas évident d’étudier à temps plein, mais j’ai foncé, j’étais déterminée.
Et par la suite?
J’ai trouvé un emploi chez Nestlé après avoir passé trente-quatre entrevues. C’était un emploi qui me stimulait et cadrait bien avec ma réalité de mère monoparentale. J’y ai travaillé deux ans à titre de représentante dans la division Food en épiceries. Mais comme je voulais travailler dans le domaine pharmaceutique, j’ai passé une entrevue et obtenu un emploi de représentante sur la route chez Pharmascience, un géant québécois dans le domaine du générique.
À cette époque, tu envisageais de passer d’employée à entrepreneure?
Toujours! Ça me brulait dans les veines, j’avais la discussion avec mon chum toutes les semaines, à savoir ce que je pourrais faire, dans quel domaine j’aimerais œuvrer. J’ai pensé à tout, autant photographe, traiteur, magasineuse personnalisée, mais à chaque idée qui me venait, je réalisais que j’allais être la matière première et que je ne pourrais jamais prendre de vacances, que j’allais devoir m’imposer encore plus d’heures de travail. Mon chum, qui est devenu mon mari, était dans l’automobile et je suis allé le rejoindre chez Laval Volkswagen, à l’époque où il travaillait à cet endroit. En fait, j’ai connu mon chum, Carl Boivin, chez Nestlé, tout juste avant de quitter pour aller travailler dans le domaine pharmaceutique. Ça fait près de quinze ans que nous sommes ensemble et nous sommes mariés depuis sept ans.
Tu as par la suite tenté une autre expérience?
Oui, j’ai décidé de suivre un cours en lancement d’entreprises et j’ai mis sur pied ma boite pour travailler dans l’événementiel. J’ai aimé ça, je suis une fille de relations publiques, de communications. Ça s’appelle M Création d’événements, et même si j’aimais le domaine, j’en suis venue à la conclusion qu’il fallait que je trouve autre chose. J’étais blogueuse dans le temps alors que ce courant en était à ses débuts, pour un site qui avait pour nom Divas en ligne.com. C’était un site transactionnel, on pouvait y acheter des produits qui étaient en vente au salon de coiffure La Méduse. J’ai proposé au propriétaire de La Méduse de faire un 5 à 7 pour aller chercher de nouvelles clientes (La Méduse était un salon très reconnu à l’époque), et il m’a dit qu’il désirait le vendre. Je n’ai pas tardé à lui affirmer que je voulais l’acheter, et je me suis lancé là-dedans les deux yeux fermés. Ça m’emballait vraiment de pouvoir enfin être propriétaire de ma propre business, ce n’était pas un montant d’argent faramineux, et je savais que j’avais la drive pour le faire. En plus, je tripais maquillage, beauté, c’était parfait pour moi, mais ça a été tough, plus difficile que je ne l’avais imaginé. Le coût du loyer était très très cher, je n’avais pas une grande marge de manœuvre.
Quelles sont les difficultés principales avec lesquelles tu as dû composer?
Il y a deux volets, et si tu demandes à n’importe quelle propriétaire d’entreprise, ce sont souvent les mêmes choses qui reviennent : les ressources humaines et la comptabilité. J’ai appris à aimer les deux avec le temps. Et j’ai appris aussi à planifier, je n’avais pas le choix. Quand tu arrives à la fin du mois et qu’il te manque 3 000$ pour payer ton loyer, tu dois faire preuve d’imagination.
Les ressources humaines, plus tu as d’employés, plus c’est compliqué. Au départ, j’avais peur de perdre mon monde, que des employés quittent. J’ai du faire des compromis, et je dirais que je manquais un peu de confiance en moi pour être un bon leader. Le coaching que j’ai eu avec Summit Salon Business Center, pour qui je travaille maintenant, et le cours que j’ai suivi, m’ont aidé beaucoup. J’aime travailler sur moi, je n’ai pas fini d’apprendre, j’aime évoluer et savoir que j’avance dans la vie et que je parviens à atteindre mes objectifs. J’ai eu du coaching personnel, j’ai eu recours à des psychologues, assisté à des conférences, des webinaires, et ça m’a été très profitable. Plus je vieillis et plus j’avance en expérience et en âge, plus je me rends compte de l’importance d’être structurée et de planifier. Je suis une ancienne bordélique qui s’est guérie! Ça me prend une structure pour bien opérer parce que lorsque je sais où je m’en vais, que c’est écrit et clair, je suis très efficace.
Quelle est ta relation avec tes employés?
Je suis très proche de mes filles, je les appelle parfois « mes enfants »! Je pense que mon approche très humaine facilite les choses, mais j’ai appris avec le temps que je dois toujours garder en tête le bien-être de l’entreprise. C’est comme être parent, parfois c’est tough love. Les filles ne sentent pas une coupure entre elles et moi.
J’imagine que tu as apporté plusieurs changements au salon en devenant la propriétaire?
Oui, il y avait à l’époque des cabines de bronzage qui sont disparues quand nous sommes déménagés, et le salon offrait l’esthétique traditionnel, en comparaison avec maintenant, alors que nous possédons des appareils pour travailler au niveau jeunesse. Il n’y avait pas de massothérapie non plus.
Avec le recul, est-ce qu’il y a des choses que tu ferais autrement?
J’aurais aimé apprendre à être mieux structurée et mieux entourée dès le départ. Ce n’est pas que je n’ai pas les ressources, ma mère me dit souvent qu’elle ne comprend pas que je ne demande pas de conseils à mon père. Mon père est un homme d’affaires qui a très bien réussi, et je l’admire profondément. Il sait où il s’en va, il lit sans arrêt, il s’instruit, et c’est un homme sage et intelligent.
Tu n’as pas été tentée, justement, de suivre les traces de ton père?
Deux de mes sœurs, Renée-Maude et Valérie, font partie de l’entreprise familiale (Krispy Kernels) et je suis très fière d’elles. Je pense que mon père me voyait peut-être plus au niveau de l’automobile. Il possédait une importante concession automobile à Québec, mais finalement, les choses ont fait que je n’ai jamais travaillé avec lui. Et il a cédé sa place chez Krispy Kernels à ma sœur Valérie, qui est présidente, et Renée-Maude est directrice du marketing. Moi, j’ai roulé ma bosse, j’ai fait mes affaires et je suis fière de mon parcours.
Krispy Kernels est une compagnie québécoise fondée par le grand-père de Michèle, Paul Jalbert, qui fabrique et assure la distribution, notamment, de plusieurs produits à base d’arachides, de fruits séchés et de noix. Le fils du fondateur, Denis Jalbert, en est devenu propriétaire en 1990. Krispy Kernels, c’est aussi les croustilles Yum Yum.
Et ton rêve de devenir la prochaine Oprah, tu l’as définitivement mis de côté?
L’aspect showbiz, cette idée-là de faire ma place dans ce milieu, ça me brouille encore, j’y pense encore. Il y a quelque chose là qu’il va falloir que j’explore un jour. J’aimerais beaucoup, entre autres, réaliser des entrevues.
Et quelle sera la suite des choses?
« J’ai l’idée de prendre de l’expansion, ma vision est vraiment de devenir un empire à multiples stations, mais c’est quand même une grosse entreprise. Je garde l’œil ouvert, j’aimerais beaucoup ouvrir une autre succursale sur la Rive-Sud de Québec, mais ce n’est pas un projet à court terme. Sinon, j’aimerais beaucoup avoir une école où l’on pourrait enseigner les bonnes pratiques pour les gens du milieu, pour les aider à avoir une belle carrière. »
UNE AUTRE CORDE À SON ARC
En plus de diriger Les Divas, Michèle Jalbert a ajouté une corde à son arc : elle est maintenant coach pour la compagnie Summit. « Je rencontre et donne des conseils à des propriétaires de salons de coiffure et esthétique afin de pouvoir mettre en place de bonnes pratiques financières et marketing, et pour encadrer leurs employés et leur offrir un cheminement de carrière. Ce sont des formations que je donne autant à Toronto qu’à Québec. J’ai été engagée à l’automne 2018, j’ai suivi la formation au cours de l’année 2019 et j’ai commencé à rencontrer des propriétaires de salons. C’était bien sûr avant que tout cela s’arrête en raison de la pandémie. »
Toi qui caches mal ta timidité, j’imagine que ça représente un défi supplémentaire?
J’ai un problème dans la vie : j’ai tout le temps l’impression que je suis un imposteur, partout où je passe. Au début, je trouvais ça difficile, il a fallu que je me parle, que je me dise que les connaissances que j’avais, les personnes que j’allais rencontrer ne les avaient pas encore. Et ça marche! En 2017, je me suis payé un coach de chez Summit et j’ai eu 53% d’augmentation dans mon entreprise, et mes employés évoluent et ont de bons salaires. Quand les gens me demandent ce que je fais dans la vie, je réponds bien humblement que je fais grandir les gens. Que ce soit mes employés ou d’autres travailleurs de l’industrie. Je pense qu’avec ces formations, l’idée est de redorer le blason du domaine de la beauté. J’ai commencé à prendre des clients en mai 2019.
Summit est la plus grande compagnie de coaching dans le domaine de la beauté depuis 1992. Ce sont des systèmes, des façons de faire qui fonctionnent, et qui permettent aux gens d’avoir de beaux cheminements de carrière.
Pour plus de détails sur L’Institut Divas, consultez le site: https://institutdivas.com