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Lulu Hughes – après Trois années d’enfer, la vie continue!

« J’ai le devoir, en tant que personnalité publique, d’aller dire aux gens qu’on s’en sort ! »

Trois années à se battre contre le cancer, trois années au cours desquelles elle a perdu sa mère en plus de mettre un terme à son mariage. Lulu Hughes a du caractère, c’est une battante devenue pour plusieurs une source d’inspiration. En ce mois de la sensibilisation au cancer du sein, j’ai eu l’occasion de discuter avec elle au Parc national du Mont-Saint-Bruno, là où elle a passé tant de temps lorsqu’elle était jeune. Assise à mes côtés face au lac Seigneurial lors d’une belle journée ensoleillée, Lulu s’est confiée sans retenue. Avec émotion et passion, bien sûr, et surtout avec beaucoup d’espoir en l’avenir, la vie qui continue, comme l’a-t-elle répété à plusieurs reprises.

Texte et photos: Daniel Daignault

La première question à la chanteuse que je connais depuis si longtemps s’imposait d’elle-même. Comment vas-tu, comment va ta santé ?

Ça va très bien, on est le 8 octobre et hier, j’ai reçu mon dernier traitement de chimiothérapie. Maintenant, je peux le dire: au moment où j’ai fait une sortie publique à ce propos, je ne voulais pas trop en parler, dire exactement ce que c’était. Je n’ai pas spécifié que c’était une récidive ou autre chose, j’ai simplement dit que je devais faire de la chimiothérapie préventive, ce qui est vrai. Mais qui n’est pas toute l’histoire.

Lulu, en compagnie de sa tante Thérèse qui était de passage chez elle lors de notre rencontre. Photo: Daniel Daignault

Si on résume, il y a quelques années, tu as eu un diagnostic de cancer du sein?

Oui, c’était en 2016. J’ai eu de la chimiothérapie et de la radiothérapie et ensuite, dans le cas de cancer du sein de type hormonal, il y a un suivi qui est fait et on prend une médication qui s’appelle le tamoxifène. Et là, je sais que je vais faire grincer les dents de beaucoup de monde, mais je vais quand même le dire: c’est un médicament qui peut provoquer un cancer de l’utérus ou du col de l’utérus. On m’avait prévenue, en me disant que le risque était très faible. Les avantages étaient beaucoup plus importants que le un pour cent de chance que je développe un cancer de ce type-là, me disait-on.

Alors tu as accepté de suivre ce traitement?

Oui, et j’ai développé un cancer de l’utérus.

Je redoutais cette dernière phrase, cette confidence. Quelle malchance, quand même ! Lulu fait une courte pause avant de reprendre.

J’ai eu des signes dès janvier cette année, j’ai fait les premières biopsies en février et ils ont trouvé des cellules cancéreuses. En avril, on a décidé de me faire la grande opération et on a réalisé que ce n’étaient pas que des cellules cancéreuses, mais que c’était un cancer en bonne et due forme de l’utérus. Ils ont tout ôté, et à la suite de cela, pour prévenir que ça revienne, parce que les chances de récidives sont très élevées, j’ai eu une série de traitements de chimiothérapie. Des doses plus fortes que celles que j’avais eues pour mon cancer du sein.

« La vie continue, et elle doit continuer! » Photo: Daniel Daignault

Ouf, tu as vraiment été courageuse, j’imagine que ça a été très difficile?

Ce n’est déjà pas facile de passer un été en chimiothérapie, et avec un enfant de neuf ans qui est déjà dans la peur, qui a déjà vécu un traumatisme face à ça. Sans oublier qu’en 2016, ma mère est décédée, elle avait été diagnostiquée un mois avant moi, et elle est décédée en janvier. J’ai alors interrompu mes traitements de chimio à la suite de son décès, pour les funérailles et tout ça. Je suis partie de l’Allemagne, je suis revenue ici, j’ai divorcé, c’était beaucoup pour une petite fille qui avait six ans à cette époque. L’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas trop parlé de mon cancer était que je ne voulais pas que ça se rende jusqu’à elle. J’ai eu mon diagnostic le 25 mai, et j’ai attendu pour le lui dire à la fin des classes, parce que je ne voulais pas que ça la bouleverse, qu’elle ait peur et ne soit pas capable de se concentrer à l’école.

Et tu as commencé tes traitements de chimiothérapie peu de temps après?

Oui, le 10 juin, et onze jours après, il fallait que je rase mes cheveux parce que j’allais les perdre. C’est à ce moment que je le lui ai annoncé.

Comment annonce-t-on une telle nouvelle à une petite fille de neuf ans?

Je lui ai dit que c’était seulement de la prévention, je ne lui ai pas dit qu’ils avaient trouvé un autre cancer. Je ne voulais pas qu’elle ait peur, et c’est aussi là que j’ai choisi de ne pas dire toute la vérité publiquement, parce que je ne voulais pas alarmer les gens pour rien, et ne pas perdre de contrat. Je ne souhaitais pas que les gens se disent : « Oh ! Elle est malade, c’est risqué, on ne l’engagera pas. » Je ne m’en cache pas, il faut qu’on travaille quand même, et j’avais la ferme intention de ne pas trop changer ma vie.

Tu étais optimiste?

Je me disais : «  Ils ont tout enlevé, c’est de la prévention, et que la vie continue. » Et elle doit continuer, c’est important, parce que si l’on s’arrête, c’est là que tout s’arrête.

La pire chose à faire est de se décourager?

De s’effondrer devant ça. Cela étant dit, je ne veux pas juger les gens qui le font, parce que c’est apeurant. Surtout une deuxième fois, et pour un cancer complètement différent.

À 52 ans, Lulu entrevoit la vie avec optimisme. Photo: Daniel Daignault

Quelle a été ta réaction quand on te l’a appris?

Je ne m’attendais tellement pas à ça que je suis allée toute seule à mon rendez-vous de suivi d’opération. J’étais convaincue que j’étais top shape, mes cheveux avaient repoussé, ils étaient beaux. J’avais un bel été devant moi, je me disais « sky’s the limit ! ». J’arrive au CHUM et je me fais dire ça, j’ai capoté : « Quoi ? Ah non ! Ah non ! » C’est dans l’auto, à mon retour, que je me suis demandé pourquoi ça m’arrivait une deuxième fois. Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est quoi le message ? Je me suis ressaisi très vite parce que j’arrivais chez moi et ma fille était là. Je ne voulais pas que ça paraisse, que ça se sache cette fois-ci. Dans un sens, je ne voulais pas faire peur aux gens, aux femmes que j’ai pu inspirer.

Tu parles d’inspiration, effectivement, elles sont nombreuses à t’avoir appuyée, à t’avoir encouragée. De te voir à la télévision, sur scène, tout en combattant la maladie, c’est une belle source d’inspiration !

Les chanteurs, les acteurs, on reçoit beaucoup d’amour du public. Surtout les chanteurs parce que les gens peuvent nous voir de près lors des spectacles, et nous témoignent leur amour, ils me disent que ça fait longtemps qu’ils me suivent, qu’ils m’aiment et achètent mes disques. On reçoit beaucoup et pour moi, c’est dans ces moments que je peux redonner cet amour. Je suis dans une position où je peux aider bien du monde, donner de l’espoir, je peux leur dire que la vie ne s’arrête pas là. Je suis une voix, dans tous les sens du terme. Ce n’est plus le temps d’aller me cacher, de dire que je veux vivre ça seule, que je ne suis pas belle et que je ne veux pas me montrer. Et je tiens à dire que c’est mon choix, et tout choix est bon. Si une personne décide de vivre cette situation dans le secret, c’est correct. Do what you think is better for you ! Moi, j’avais besoin de faire ça et de sentir que j’apportais quelque chose et que je pouvais faire une différence pour des personnes qui en ont fait une grosse pendant plus de trente ans de carrière.

Quel a été ton sentiment quand tu as quitté l’hôpital à la suite de ton tout dernier traitement?

C’était business as usual. J’étais avec mes deux meilleures amies, Sabine et Monique, et cette dernière me disait : « Lulu, c’est  comme si tu étais allé simplement te faire enlever une verrue, il n’y a pas de drame! » Il n’y en avait pas non plus, c’est l’état d’esprit dans lequel il faut être pour que la vie puisse continuer comme il le faut. C’est sûr que dans trois semaines, quand je n’aurai plus les effets de la chimio… on en a parlé mes chums de filles et moi : on sort les bulles et on s’en claque une bonne!

Tu as connu trois années d’enfer, comment entrevois-tu la suite des choses?

J’ai de très beaux projets qui m’inspirent énormément, mais je ne peux pas en parler. Je me suis remise à l’écriture et c’est une bonne affaire. J’avais complètement arrêté, je ne suis pas quelqu’un qui écrit bien dans la douleur.

(Lulu continue de présenter son spectacle Lulu sings Janis et elle fait aussi des spectacles avec Gregory Charles.)

Photo: Daniel Daignault

Ça, c’est sur le plan professionnel, mais personnellement, quel est ton état d’esprit?

C’est life goes on! La vie est belle et c’est sûrement arrivé pour m’aider à éclaircir mes idées et changer ma façon de voir la vie. C’est comme ça que je le vois et même si le cliché est gros, je t’avoue que j’ai vraiment changé avec cette histoire-là. Je le sais, je suis fondamentalement moi, mais je suis beaucoup plus positive, comme je ne l’ai jamais été de ma vie. C’est fou, hein? J’ai toujours été une personne assez mélancolique, avec beaucoup de tristesse. Je pouvais sembler, pour beaucoup de gens, très enragée, ce que je n’ai jamais été. Je suis une personne assez smooth, et j’ai toujours eu besoin de calme, d’harmonie, de tendresse et de sérénité. Si je n’ai pas ça, je ne vais pas bien.

Quand tu as commencé tes traitements de chimio en 2016, étais-tu inquiète que ta voix soit altérée?

Oui, j’ai posé la question et on m’a répondu que c’était cas par cas. La chimiothérapie affecte toutes les muqueuses, et la gorge est une muqueuse, alors oui, ça affecte la voix. J’ai toujours eu la voix très claire et là, j’ai la voix plus rauque. J’ai fait quelques spectacles où je me suis posé des questions, je trouvais ça plus dur, je n’avais pas la facilité habituelle. Avant, je m’ouvrais la bouche et ça sortait, là il faut que je travaille un peu plus. Il y a la chimio, et aussi l’âge.

Lulu et sa tante Thérêse, devant le lac Seigneurial. Photo: Daniel Daignault

Tu n’as que 52 ans!

Il y a des chanteuses qui ont chanté vraiment bien jusqu’à l’âge de 75 ans. Moi je ne fume pas, je ne bois pas, je suis en forme et j’ai toujours fait attention à ma santé. Je pense que la voix, ça va être la dernière affaire qui va partir! J’ai vécu une période difficile au cours de laquelle j’ai été médicamentée et qui a eu un impact passager sur ma voix, mais ça va revenir.

Comment ta fille a-t-elle composé avec tout cela?

Elle sait que c’était mon dernier traitement, que mes cheveux vont repousser. J’ai vraiment fait attention de dédramatiser tout ça. Cela étant dit, elle a passé un mois chez son père en Allemagne. Je savais que je ne pourrais pas faire autant de choses avec ma fille, comme aller aux glissades d’eau, mais dans la maison, j’étais la même maman.

Elle habite avec toi?

Tout le temps, je suis une maman monoparentale. Je suis partie de l’Allemagne en 2014, je me suis mariée en 2010, mais nous étions ensemble depuis 2007.

Tu n’as pas d’homme dans ta vie, ne me dis pas que tu as fait une croix sur ta vie amoureuse?

Non, je suis un cœur à prendre! Je suis quand même une personne qui est bien seule, je ne suis pas dépendante. Quand je fais des shows, je reçois beaucoup d’amour, et ma fille m’en donne aussi énormément, donc j’en ai beaucoup. J’aimerais avoir un compagnon, mais je ne ressens pas pour l’instant le manque. Je ne cours pas après ça, mais je ne le rejetterai pas si ça se présente. Une chose est sure, c’est que le prochain va devoir m’accepter exactement comme je suis. Je n’ai pas fait de reconstruction mammaire, j’ai le corps d’une fille qui a subi quelques bébelles… J’ai l’intention, j’ai pris la décision de le laisser comme ça parce que mon corps démontre mon chemin. Et le prochain gars va devoir accepter ça.

Avant de faire les photos avec Lulu, alors que nous étions chez elle, elle m’a dit sans détour qu’elle n’allait pas porter de chapeau ou de foulard. Une décision éclairée que j’ai saluée bien haut.

Photo: Daniel Daignault

C’est une façon pour toi de démontrer l’une des réalités d’avoir à faire face au cancer?

Je ne cache pas que lorsque c’est arrivé la première fois, ne plus avoir de cheveux me faisait peur. Je ne savais pas ce qui m’attendait. J’ai déjà entendu des femmes confier que le plus dur avait été de perdre leurs cheveux, et j’avais un peu de jugement là-dedans, je me disais : « Ben voyons donc, t’es en vie! Ça repousse, accroche-toi, fille! » Mais là, pour l’avoir vécu, j’ai compris ce que c’était. J’ai compris que nous, les femmes, nous vieillissons vite aux yeux de la société, et nos cheveux font partie de notre richesse et de notre beauté. Je trouvais ça dur de me voir dans le miroir, plus de cheveux. J’avais l’impression que je n’étais plus moi, que je n’avais plus de beauté. J’ai dû vraiment m’accepter ainsi, me trouver belle, et ce n’est pas gagné à cent pour cent. J’ai beaucoup cheminé là-dedans, j’ai longtemps eu de la misère à me regarder dans un miroir. Je me trouvais atroce. Et en plus, avec la chimio, tu prends de fortes doses de cortisone et ça a résulté que j’ai pris du poids. Mes deux médecins étaient contents, ils me disaient qu’ils ne voulaient pas que je maigrisse, parce que lorsque tu perds du poids sous traitement, ce n’est jamais bon signe. J’ai pris du poids, j’ai enflé, j’ai eu du mal à me reconnaître. J’ai décidé de lâcher prise sur le regard des autres, je ne peux pas me restreindre. Si j’ai faim, je mange, mais c’est dur et quand tu es une personnalité publique, ce l’est encore plus. Je pense aux femmes qui n’ont plus de cheveux, qui ne sont pas des personnalités et qui doivent prendre le métro chaque jour pour aller travailler, je sais que c’est rough, je le vis moi aussi.

Tu as vu des gens chuchoter, détourner le regard, ou te regarder d’une drôle de façon?

Oui, et on dirait qu’ils ont peur. C’est comme si tu pouvais leur donner le cancer! C’est inconscient, le monde sait que le cancer n’est pas contagieux, mais ils réagissent comme si c’était le cas. C’est correct, je comprends ça, mais ça fait quand même quelque chose… Le premier choix a été de ne pas porter de perruque. Parce que c’est hyper déplaisant, et j’étais très mal à l’aise de m’afficher avec une perruque, alors que tout le monde savait que je n’en avais plus. Ça ne faisait pas partie de moi, mais encore là, je ne veux pas juger les gens qui choisissent de porter une perruque. L’important est d’être heureux dans son choix. Ceux et celles qui choisissent de porter une perruque parce qu’ils se sentent mieux, faites-le!

Mais toi, au début, tu hésitais à te montrer en public?

Je mettais toujours un foulard, un chapeau, et j’ai fait tous mes spectacles cet été comme cela. À un moment , je suis allé à une répétition pour un spectacle pour la Fondation québécoise du cancer du sein. Il faisait chaud, j’avais mon foulard et je ne me comprenais plus. Mitsou m’a regardée et m’a dit: « Enlève-le! » Je lui ai répondu que j’étais mal… je me souciais du regard que les autres allaient porter, de ce que les musiciens allaient penser. Je ne voulais pas les mettre mal à l’aise, ce qui m’aurait rendue moi aussi mal à l’aise. Finalement, j’ai décidé de l’enlever et ça s’est bien passé. Le lendemain, j’étais à En direct de l’univers (l’émission consacrée à Nathalie Simard) et j’ai décidé, pour la première fois de m’afficher, sans foulard ou chapeau. Je me suis dit qu’en faisant cela, j’allais vraiment aider du monde, que je pouvais montrer aux gens qu’on peut être belle sans cheveux. Ce n’est pas vrai que ce ne sont que nos cheveux qui nous définissent, c’est un tout.

Tu sais qu’il y a beaucoup de femmes qui vont lire ce texte et qui vont être réconfortées par tes propos?

J’ai le devoir, en tant que personnalité publique, d’aller dire aux gens qu’on s’en sort ! Et qu’on peut rester belle et bien, être positive, et que tout ne s’arrête pas parce qu’on vient d’apprendre cette nouvelle. Le mois prochain, je ne serai pas dans un fauteuil roulant, il y a des gens qui le sont pour le reste de leur vie. Il y a des personnes qui sont obligées de se piquer parce qu’elles sont diabétiques, moi je n’ai pas ça. Dans mon cas, ça a été une période dans ma vie qui a duré trois ans et oui, ça a été chiant, mais c’est fini et je passe à autre chose.

Et la vie continue !

Oui, c’est ça qui est important, et c’est le message que je veux véhiculer. Hé ! Boys and girls : la vie continue quand même, et elle s’arrête quand ton souffle s’arrête. Plus tu vas vouloir continuer, plus il y a de chances que tu continues. Le choix se fait dans ta tête, dans ton cœur et dans ton âme. Même si je me trompe, même si je te dis que je ne suis pas prête à mourir et que je suis là pour un c***** de boutte, et que dans six mois je me fais dire que je suis métastasée et qu’il me reste quatre mois à vivre, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je vais vivre mes quatre mois, et au moins, pendant tout ce temps, je vais avoir vécu ! Je ne me serai pas constamment questionnée : « Et si tout à coup ça revient ? » C’est la plus dure des sentences, tu ne peux pas t’autoriser à te dire ça. J’aimerais tellement pouvoir insuffler ça à chaque personne qui reçoit un diagnostic, je le sais que ce n’est pas facile. Mais ce l’est plus qu’on ne le pense, c’est un déclic dans la tête que tu fais. Le plus difficile, c’est le temps que tu prends pour que ton déclic se fasse.

Aussi, question d’aider les gens, il faut que je te parle de ma très bonne amie, Isabelle O’Brien, qui est propriétaire avec Valérie Trinh de Bikram Yoga Boucherville. Elles avaient l’idée depuis un moment d’offrir des cours de yoga gratuitement à des personnes qui avaient des traitements pour le cancer. Quand j’ai eu mon diagnostic, elles ont décidé d’aller de l’avant et je suis devenue leur porte-parole. Je trouve ça admirable, et plus ça va, plus ça grossit. À chaque été, le premier ou le deuxième samedi de juin, on fait une levée de fonds pour cela, parce qu’elles offrent vraiment les cours gratuitement, et même durant les six mois suivant leur cancer. Elles en sont maintenant à vingt-cinq élèves, et les vendredis, elles offrent un cours spécialement pour les gens qui suivent des traitements. En plus, elles ont suivi un cours en onco-yoga, pour d’offrir le bon service aux gens, parce qu’on sait très bien qu’il y a différentes formes de cancer. C’est vraiment une initiative dont il faut parler. www.bikramyogaboucherville.com/

Octobre est le mois de la sensibilisation au cancer du sein, aurais-tu un message particulier à passer aux gens?

À tous ceux qui lisez ce texte, parce que le cancer du sein n’est pas que chez les femmes, il y a des hommes aussi, mais dans une moindre mesure, je dirais d’aller faire vos mammographies. Ne vous mettez pas la tête dans le sable, et même les jeunes filles de 30 ans qui se disent que c’est à compter de 50 ans qu’elles y penseront… Détrompez-vous ! Il y a de plus en plus de diagnostics de cancer du sein chez les femmes de 20 ans, et si vous vous faites diagnostiquer à temps, vous augmentez vos chances de survie à quatre-vingts pour cent. Si vous attendez et pensez que vous êtes immunisée, que vous croyez que ça ne vous arrivera pas, c’est une erreur. J’ai pensé la même chose, j’ai eu une bosse sur un sein droit et j’ai attendu un an avant d’aller voir mon médecin. Un an, à me dire « ben non, ben non… ». Il a fallu que ma mère se fasse dire qu’elle avait un cancer du poumon métastasé pour que le lendemain, je téléphone à mon médecin pour lui dire que j’avais une bosse au sein et que je voulais qu’il fasse une vérification. Imagine-toi ! J’ai honte de le dire, mais c’est un devoir pour moi d’en parler, parce que j’aurais évité beaucoup de choses si je n’avais pas attendu. J’ai été conne à penser que j’étais au-dessus de ça. S’il y a une chose où il n’y a pas de discrimination dans la vie, c’est bien quand il est question de maladie. Riche, gros, pauvre, maigre, ça peut frapper n’importe qui.

Je t’écoute parler depuis plus d’une trentaine de minutes, et je dois t’avouer que j’ai beaucoup d’admiration pour toi, d’entendre comment tu as réussi à passer à travers tout ça, la résilience que tu peux avoir. Tu es fière de toi?

Oui, je suis très fière de moi, fière des couches que j’ai ôtées, à quel point j’aime la vie maintenant, comparativement à avant, alors que je trouvais que tout était difficile. Je suis fière du cheminement que j’ai fait, et s’il a fallu que je tombe malade deux fois pour le comprendre, je l’accepte. Je suis beaucoup plus en paix. C’est sûr qu’il y a des journées où je suis triste, mais ça n’a tellement rien à avoir à ce que c’était. Quand je suis triste, ça ne dure pas, je téléphone à mon frère Rick et je braille une bonne shot, et ça finit là. La solution n’est pas de se plaindre parce qu’on retourne dans notre malheur, et il ne faut pas faire ça. Je suis vraiment fière de la personne que je suis devenue. Pas en tant que chanteuse, mais vraiment en tant que personne, en tant que femme.

Tout à fait ! Et la suite des choses s’annonce belle !

C’est sûr que la musique est quelque chose qui me fait du bien, parce que je sais que je fais du bien avec cela, mais ça ne me définit pas. Ce n’est pas ma totalité, l’être complet que je suis. C’est ma façon de penser, comment je suis avec amis, la mère et la sœur que je suis… Tout ça, c’est Lulu au complet, et je suis vraiment fière de moi.

Pour informations :

Fondation du cancer du sein du Québec : www.rubanrose.org

Fondation québécoise du cancer : www.fqc.qc.ca/fr

Société canadienne du cancer : www.cancer.ca/fr-ca/?region=qc

Rappelons que Lulu Hughes est toujours ambassadrice des produits Corpa Flora  www.corpaflora.com