Nous sommes le lendemain de mon anniversaire. Hier, vendredi le 13 décembre, nous sommes allés, ma fille et moi, faire une surprise à son papa qui est en grande tournée de spectacles de Noël et qui dort à l’hôtel pour cinq longues nuits. Difficile d’être loin l’un de l’autre, surtout le jour de ma fête. Difficile pour lui aussi d’être loin de sa fille, même si ce n’est que pour quelque jours, car il trouve qu’elle change de jour en jour.
Après notre long retour de Drummondville, après avoir passé près de trois heures (entrecoupé d’une pause café) en auto à cause du foutu trafic d’un samedi du Temps des fêtes, nous arrivons enfin à la maison.
Ça fait plus de quatre heures que Kara n’a pas bu, mais elle n’a pas bronché et a dormi tout au long du trajet. Je l’allaite et tout va très bien, comme à l’habitude en fait. On se regarde, je lui jase pendant qu’elle boit. Je lui dis qu’elle a été très bonne de dormir à l’hôtel pour la première fois, et je la remercie pour cette belle journée, nuit et lendemain de fête, qu’on a pu passer en compagnie de papa grâce à elle. Si elle n’était pas si calme et si simple, je n’aurais pas pu faire cette route pour aller entendre mon amour de mari chanter « Minuit Chrétien », comme je l’ai rarement entendu. Bref, l’allaitement se passe en douceur, comme toujours.
Après un souper bien simple et un film de Noël à la télé, deux heures plus tard ma fille a soif. Jusque là, tout est beau. Elle s’endort sur mon sein après son boire, comme elle le fait souvent. Je la garde dans mes bras pendant au moins une heure avant de la déposer dans sa petite chaise berçante. Je fais la vaisselle, je réponds à un courriel, donne à manger au chat, puis elle se réveille une heure plus tard en tétant ses mains.
C’est normalement signe qu’elle a faim. Je la prends, m’installe sur le divan avec mon oreiller d’allaitement et là, c’est la crise ! Elle ne veut pas boire. Je la console, mais c’est long. Je change sa couche, lui chante deux, trois chansons, et elle se calme dans mes bras. On regarde un peu le film et trente minutes plus tard, la même chose se reproduit. Je décide qu’on va se changer les idées et prendre un beau bain ensemble. Ça va bien, elle agite ses petites jambes dans le grand bain pendant que je tiens bien sa tête hors de l’eau. C’est une nouvelle expérience et j’ai si hâte de montrer ça à papa ! Elle chigne un peu vers la fin, mais je me dis que c’est normal, car ça fait maintenant près de trois heures qu’elle n’a pas bu.
On sort du bain et je me dis que ce serait une bonne idée de faire du peau à peau, justement pour qu’elle demeure calme. On s’étend dans le grand lit, elle se tète les mains. On essaie le sein à nouveau et encore une fois, c’est l’explosion ! Une grosse crise de pleurs et de cris. De petites jambes qui bougent trop vite et un visage qui devient tout rouge. Là, je m’inquiète comme une nouvelle maman en panique. « Est-ce que c’est moi? Est-ce que c’est mon lait? Est-ce que je dois réchauffer un biberon? Est-ce que j’appelle une amie? »
Mon mari termine son spectacle et m’appelle entretemps. Ce n’est pas vraiment le bon moment : ça hurle dans la maison ! Pour ceux qui se posaient la question : Kara risque d’avoir toute une voix ! Ha ha ha ! Je ris maintenant, mais je ne trouvais pas ça drôle tout à l’heure. Je réussis à la calmer encore, mais dès qu’elle semble avoir soif et que je l’approche de mon sein, c’est le refus et la crise reprend de plus belle. Je décide de lui mettre un pyjama, car de toute évidence, le peau à peau n’est pas concluant. Je la berce et lui chante « Ma mère chantait toujours » pour la calmer. Au bout de très très longues minutes, elle s’endort. Elle a tellement pleuré qu’elle fait de petits soubresauts en dormant. Je suis triste de la voir comme ça.
Mon homme arrive à son hôtel et me rappelle. Ça va… elle dort. Ce n’est que lorsque je suis en train d’écrire ces lignes qu’elle ouvre ses grands yeux et semble calme. Comme je viens d’aller le lire en vitesse sur internet dans mon moment de panique, je fais un essai sans même la bouger de sa position dans le lit. Je m’approche tout doucement, et elle prend enfin le sein pour boire. Ça aura pris quatre heures trente-cinq, mais ça m’aura paru une éternité ! Bon… la nouvelle maman stressée est bien heureuse et est maintenant prête à aller se coucher!