Où en sommes-nous? Je me retrouve ce soir, très tard, assise seule devant mon ordinateur, car j’ai fait l’erreur de prendre un café après avoir soupé chez ma sœur Karine. Ce qui me donne donc le temps d’écrire alors que tout est calme dans la maison, ce qui est assez rare ces temps-ci, mais je ne m’en plaindrai certainement pas.
Par Manon Séguin
Ma fille, mon amour, ma plus grande réussite, vieillit tellement ! Elle est plus belle, plus forte, plus audacieuse, plus aventureuse, plus démonstrative, plus curieuse, plus jasante, plus ricaneuse… bref, plus merveilleuse de jour en jour! Elle change beaucoup. Parfois, mon mari me dit qu’il trouve qu’elle a changé pendant sa sieste d’après-midi ! C’est tout simplement magique ce que l’on a le privilège de vivre avec elle. Elle est ma plus grande force et ma plus grande faiblesse à la fois. Au risque de me répéter, je l’aime, vous ne pouvez même pas imaginer! En fait, vous parents, pouvez sans aucun doute vous l’imaginer, mais j’aime croire que j’aime encore plus ma fille que quiconque a aimé son enfant.
Kara a maintenant 9 mois. Elle a trois dents. Elle marche à quatre pattes PARTOUT dans la maison ! On a donc dû installer une barrière en haut de l’escalier du sous-sol, mais aussi en bas de l’escalier qui mène au deuxième étage, car elle a déjà compris comment monter les marches. Elle se lève en se tenant après tout, même nous ! Ha ! Ha ! Ha ! Elle tend les bras vers le haut alors qu’elle est assise devant nous et BAM, elle se tient sur nos jambes et réussit à se lever facilement. Bien sûr, elle tombe parfois, elle se cogne la tête sur les meubles, sur le plancher. Elle chigne un peu puis elle recommence. Elle n’a pas peur de grand-chose!
Une amie de Christian Marc et moi nous a annoncé tout récemment qu’elle est enceinte. J’avais si hâte de savoir le sexe de son bébé pour pouvoir lui préparer des boîtes de vêtements… Ça y est, c’est confirmé, c’est une fille! J’ai donc préparé avec soin des boîtes remplies de vêtements pour nouveau-né et 0-3 mois avec des couvertures, des accessoires, mais aussi des vêtements de maternité. Toutes ces belles robes que je portais à pareille date l’an dernier et que je me disais : « Je pourrai les porter après, elles sont trop jolies ! » Mais clairement, elles n’avantagent pas la silhouette d’une femme qui n’est pas enceinte.
Notre amie et son copain sont venus chercher tout ça ce dimanche, avec l’accord de ma sœur qui m’a prêté tellement de choses aussi. J’ai donc dû faire le deuil du moïse/berceau où ma fille a dormi les 7 premiers mois de sa vie dans notre chambre, collée sur notre lit. Également, la petite chaise pour bébé naissant qui rebondit et qui vibre où j’y ai assise ma fille si souvent quand on cuisinait et qu’on la gardait sur l’îlot de cuisine avec nous, ou encore directement sur la table quand on recevait des amis pour souper (avant la Covid évidemment). J’ai même laissé aller le petit bain qui ne m’a servi que trois ou quatre fois, car je préfère prendre mon bain avec Kara. Ça nous fait un moment de plus à relaxer ensemble… parfois même avec papa.
J’ai donc l’impression, depuis quelques jours, de m’être débarrassé de plein d’éléments importants de mon « petit bébé ». Comme si ma fille n’était déjà plus un bébé. Je sais, ce ne sont que des trucs matériels, mais ça me fait quelque chose de voir disparaitre tout ça de mon quotidien. Plus on avance, plus on est certain de ne pas vouloir d’autre enfant. Mon mari dit souvent que les femmes s’ennuient de porter la Vie et c’est très vrai. Je regardais la petite bedaine de mon amie qui en est à 23 semaines de grossesse et je lui posais plein de questions : « Est-ce que tu la sens bouger? Comment te sens-tu? Réalises-tu que dans 17 semaines, tu auras ta fille dans tes bras? »
J’ai déjà l’impression que tout ça est si loin derrière moi et que je ne le revivrai pas. C’est beau porter la Vie! C’est grand, ce sentiment que l’on crée un petit humain parfait qui nous ressemblera… mais en mieux! C’est fou de l’imaginer grandir alors qu’elle nous donne des petits coups de pieds dans les côtes et qu’on trouve ça mignon.
J’ai donc fait un peu le deuil d’avoir le privilège de reporter la Vie. Et pas parce que je ne suis pas certaine de ne pas vouloir un autre enfant. Pour moi, c’est assez clair que d’avoir un deuxième enfant ne fonctionnerait pas aussi bien avec notre rythme de vie et qu’une deuxième grossesse serait difficile. Surtout en m’occupant d’un enfant en bas âge, et parce que ce sentiment si puissant est plus grand que nature. Je ne pourrais l’expliquer. Je porterai surement ce petit deuil encore longtemps, mais ça ne m’empêchera pas de profiter de mon plus grand rôle à vie, celui d’être MAMAN!